Facebook Linkedin Instagram Youtube

Lorsque je reçois une cliente, la première fois,  pour une séance de sophrologie, je lui demande l’objet de sa visite, le problème qui l’amène; et je la questionne sur ses habitudes de vie. Vit-elle seule, en famille ? Travaille-t-elle ? A-t-elle des passions ? Des amis ? Pour comprendre son mode de vie habituel.

Et lorsque cette personne, appelons-la Madame L,  se plaint d’une situation qu’elle ne supporte plus, j’écoute attentivement, avec bienveillance,  les mots qu’elle utilise, et les émotions qu’elle exprime. Est-elle en colère, triste, fatiguée, démoralisée ? S’en est-elle rendue compte ou est-ce que c’est flou pour elle ? L’a-t-elle exprimé ?

Mais quand sa plainte se résume à désirer le changement  de comportement d’une autre personne lors d’un conflit, cela me dérange. Un conflit relationnel avec un conjoint, une collègue de travail, un membre de sa famille; un conflit qui a pris de l’ampleur, et qu’elle ne  » supporte plus ».

Madame L dit :  » Mon compagnon laisse toujours tout trainer ; je n’en peux plus de son bazar. Je ne supporte plus de rentrer le soir, fatiguée, et d’avoir à lui demander de ranger ou de le faire moi-même. Je hurle et le ton monte entre nous; j’ai envie de lui jeter son bazar à la figure. Il connait les règles. Il me prend pour sa bonne. Ce n’est plus possible.  Je veux que cela cesse. Je veux qu’il range ses affaires. Et J’ai besoin de vos services  pour me relaxer; je suis épuisée ».

Ce qui me dérange, c’est se positionner en victime. Attendre de l’autre qu’il change.

Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? C’est une attitude générale que nous adoptons tous facilement; après les jugements….

Or, je suis intimement convaincue que chacun de nous a une part active à son bien-être.

Alors ? Comment avoir une action positive sur la situation ? Comment switcher de la plainte à un autre chose ?

  • Résumer la situation en termes factuels : 

Je résume la situation en termes de faits; comme un constat.

Sans y mettre de jugements, ni de ressentis.

Par exemple :  » Lorsque vous rentrez le soir, vous trouvez la maison en désordre. La vaisselle du matin est restée sur la table. Le lave-vaisselle est plein . Les vêtements de la veille trainent ».

 Je m’assure d’avoir bien compris ce qui se passe. 

« Madame L agrée ; rajoute « Je n’en peux plus « .

  • Exprimer ses émotions :

Ensuite, nous recherchons ensemble, précisément, les émotions que Madame L perçoit.

Je l’invite à dire ce qu’elle ressent en commençant ses phrases par « je »; et en allant écouter où cela s’exprime dans son corps.

 » Je suis en colère; je suis très contrariée . J’ai envie de frapper; je manipule les objets avec violence; je suis tendue, toute contractée. D’ailleurs, je me suis aperçue que je serrais les dents la nuit; ça me fait mal au matin ;  je dois aller voir un dentiste. « 

 » Je suis triste  aussi car j’ai l’impression qu’il ne veut pas faire d’efforts. Quand j’y pense, cela me pèse sur la poitrine. J’ai l’impression qu’il ne m’aime plus ».

D’avoir mis un nom sur ses émotions; d’avoir exprimé où son corps était en souffrance, Madame L sent ses épaules se relâcher, descendre d’un cran vers le bas. Cela l’a soulagée

  • Collecter le positif : 

Après ce premier temps de légère détente, je propose à Madame L de faire le tour d’autres domaines dans sa vie et de me dire sur une échelle de 1 à 7 la cotation de leur réussite, de sa satisfaction. 

Que ce soit dans le domaine de la santé, dans le domaine social, le travail, le domaine des créations ou des récréations, des relations avec sa famille, Madame L annonce une satisfaction d’environ 7/10 de moyenne.

Elle s’aperçoit alors qu’obnubilée par ce conflit récurrent, quotidien, elle ne réalisait pas que les autres domaines de sa vie étaient satisfaisants

Cela lui permet de relativiser.

Le cerveau est prévu pour résoudre les problèmes. Et tant que le problème n’est pas résolu, -vous avez remarqué-, il est en boucle

L’idée est de cesser de regarder en boucle ce qui ne va pas, cesser de ruminer ; de dire « STOP; OK je sais qu’il y a là un problème; est-ce que cela peut attendre un peu ; que je reprenne mes esprits » et de porter son regard, sa conscience, vers ce qui va bien.

Pour calmer le jeu.

  • Exprimer ses besoins : 

J’invite Madame L, maintenant plus calme, à revenir à sa situation problématique et à définir de quoi elle a besoin. Pourquoi cela la met dans un tel état de nerfs.

Par rapport à sa colère.  » Je ne me sens pas respectée. J’ai besoin d’ordre pour me sentir bien; surtout chez moi, dans mon espace personnel. »

Par rapport à sa tristesse.  » J’attends de mon compagnon qu’il m’aide, qu’il participe aux corvées ménagères. Je ne me sens pas aimée.

Je résume : vous avez besoin d’ordre; et besoin de vous sentir respectée et aimée. Est-ce que c’est bien cela ?

Elle agrée, avec un ton doux, l’esprit encore dans la prise de conscience de ses besoins exprimés clairement. Nous laissons passer un temps d’intégration des nouvelles informations…

  • Poser une demande :

Maintenant que vous avez perçu vos émotions dans votre corps, dans votre coeur, et le message, le sens qu’elle ont pour vous, que pouvez-vous faire pour améliorer la situation ? 

Qu’est-ce qui est possible pour vous ?

Avez-vous par exemple exprimé cela à votre compagnon ? Lui avez-vous partagé vos ressentis, vos besoins ? Avez-vous posé une demande , calmement, sans l’attaquer. En sollicitant son aide ?

Nous sommes plus enclins à répondre à une demande d’aide si elle est exprimée calmement et clairement. Sans nous sentir agressés.

Madame L reconnait qu’avec son état de fatigue et d’énervement, elle ne pouvait pas exprimer clairement, calmement et sincèrement ses besoins; elle ne l’a pas fait.

Elle prévoit déjà de le faire rapidement afin d’évacuer ce conflit qui la peine.

  • Etre force de proposition : 

Je propose à Madame L de poser sa demande par rapport à ses besoins; mais aussi de demander l’avis, le regard de son compagnon sur la situation. Et de lui  demander quels sont ses besoins propres. Afin d’avoir leurs deux points de vue; et que tous deux se sentent respectés.

Le respect, la reconnaissance font partie des besoins fondamentaux de chaque être humain.

Une fois la situation vue sous tous ses angles, chacun se sentant respecté, une solution mutuelle, consensuelle, peut être trouvée. Elle émergera de leurs deux réflexions ensemble.

Madame L se sent plus forte et sereine dans l’issue de ce conflit.

Elle reprend le contrôle et ne subit plus.

Elle peut envisager sereinement des solutions et les proposer.

EN RESUME :

Lorsque je me sens victime et que je me plains :

  1. Je reprends les faits; sans jugements, sans affects.
  2. J’exprime mes émotions. Elles s’expriment par notre corps.
  3. Je collecte mon positif en tournant mon regard vers ce qui va. Cela me donne du recul.
  4. J’exprime mes besoins.
  5. Je pose clairement, calmement ma demande;
  6. Je suis force de proposition pour trouver ensemble, avec tous les points de vue envisagés, une solution.

C’est ce que propose la sophrologie : se mettre à l’écoute de son corps, pour comprendre ses émotions. Elles ont toutes un message à transmettre concernant les besoins. Pour prendre du recul et pouvoir envisager les solutions; et agir.

Voilà, j’espère que cet article, inspiré par une cliente récemment, vous aidera à y voir plus clair pour une situation qui vous pose problème.

Avec bienveillance.